Ce qu’il me reste de la frontière, ce sont les bruits. À Shehyni, ont subi les pleurent, les cris et les regards fatigués d’hommes, de femmes et d’enfants marqués par l’exode. Chaque jour, les scènes se ressemblent. Des milliers d’Ukrainiens traversent la frontière. L’attente est insoutenable. Les familles se séparent.
Nous avons vu l’horreur : les terribles conséquences du front dans les yeux de soldats partis. L’horreur des hommes revenant marqués, comme Alexandru qui a survécu au bombardement du 13 mars à Iaroviv ou « Jonty », ancien militaire, ayant combattu à Kharkiv et Marioupol.
Comment réagir lorsque 3 000 réfugiés venant du front sont là, devant vous. Il faut alors se relayer et enchainer, nuits et jours. Travailler avec des inconnues et faire confiance.
Erik, ambulancier de l’Irak et d’Afghanistan, parti de Norvège pour convoyer des blessés vers Varsovie. Derek, ancien militaire, parti d’Irlande pour délivrer vivres et équipements militaires. Pepe, venant d’Espagne pour faire passer les réfugiés vers la Pologne. Guillaume, qui a quitté ces études pour coordonner le groupe de Français de Medyka. Raada, bénévole pour le Croissant Rouge, présent sur le camp nuit et jours. Jimmy, un Américain, qui raconte la vie de ces soldats partit au front. Sasha, une jeune Ukrainienne, qui aurait pu fuir vers l’Europe mais qui a décidé de rester pour aider. Andy, un Anglais qui rapporte du matériel militaire chaque semaine vers le front. Enfin bref, tant d’hommes et de femmes qui ont tout donné.
Aujourd’hui, le conflit fait rage depuis huit mois. Il est maintenant bloqué à l’est, dans le Donbass, et des familles continuent d’arriver aux frontières, par millier, dans l’ignorance de leur futur.